Affaire François Hollande/Julie Gayet : 3 options possibles de stratégie de communication
Avec le scoop du magazine Closer sur une supposée liaison entre l’actrice Julie Gayet et le président de la République François Hollande, les frasques sentimentales des gouvernants français sont désormais soumises à un inhabituel regain de « transparence ». Si les prédécesseurs de l’actuel hôte de l’Elysée ont tous eu une vie intime digne du théâtre de boulevard, jamais aucun d’entre eux ne s’est retrouvé à devoir se justifier (ou pas) publiquement.
Dans la perspective de la conférence présidentielle de mardi 14 janvier mais aussi de l’hospitalisation de Valérie Trieweiler suite aux révélations, quelles options s’offrent à François Hollande pour éviter que ce sujet n’occulte des thèmes autrement plus cruciaux ?
Option n°1 : La « no comment attitude »
C’est jusqu’à présent la ligne communicante plus ou moins adoptée par l’Elysée. François Hollande s’est contenté de faire savoir qu’il réclamait le droit au respect de sa vie privée au même titre que n’importe lequel de ses concitoyens. En revanche, il n’apporté aucun commentaire sur les photos prises à la volée par l’hebdomadaire « people » Closer.
Il peut tout à fait poursuivre dans ce registre et choisir d’éluder toute question qui serait posée lors de la conférence de mardi prochain et ultérieurement. L’intérêt de cette approche permet de maintenir cette histoire dans la sphère du privé invoqué rapidement par François Hollande et de tenter d’en faire un épiphénomène.
Si dans d’autres pays, notamment anglo-saxons, cette stratégie serait suicidaire, elle peut en revanche encore s’appliquer en France où la tolérance de l’opinion publique à l’égard des incartades supposées ou avérées est globalement flexible (hormis sans doute chez les extrémistes de la fidélité conjugale à tout prix !). Même si un verrou a sauté, la Une du Journal du Dimanche montre que 77% des Français sont favorables au respect de la vie privée du Président.
Option n°2 : La version « Avec Julie, c’est du sérieux ! »
Il n’y a pas si longtemps, un autre président de la République en exercice avait savamment orchestré l’officialisation de sa pimpante liaison avec une chanteuse-mannequin renommée. Lors d’une conférence de presse en janvier 2008, Nicolas Sarkozy avait déclaré tout fier que sa relation avec Carla Bruni « était du sérieux ! » après que des photos du couple aient été prises lors d’une visite au parc Disneyland de Paris. A l’époque, le n°1 de la République avait justifié cette confirmation publique par le souhait de rompre avec l’hypocrisie qui avait notamment entouré la double vie maritale de François Mitterrand et sa fille longtemps cachée, Mazarine. La seule différence avec la situation actuelle de François Hollande, est que le Président était officiellement séparé de Cécilia !
Néanmoins et pour couper court aux rumeurs, interprétations et pressions médiatiques en tout genre, François Hollande a la possibilité de recourir à cette option en confirmant au grand jour qu’il vit effectivement une relation amoureuse avec Julie Gayet (à condition qu’il y ait véritablement histoire ! Ce que les photos de Closer ne prouvent pas à 100% bien que la probabilité soit forte). Pour le locataire de l’Elysée, cela aurait le mérite de dégonfler le pataquès médiatique en vigueur depuis la parution du magazine et pouvoir passer à autre chose. Après tout, il serait loin d’être le premier dirigeant en vue à rompre et à entamer un nouveau chapitre amoureux.
Option n°3 : Le démenti des « bons amis »
A l’inverse, devant la cacophonie déclenchée par l’affaire et une image présidentielle déjà bien sérieusement malmenée dans l’opinion publique et les sondages, François Hollande peut encore privilégier un démenti en bonne et due forme au sujet d’une relation amoureuse avec Julie Gayet qui ne serait qu’une relation amicale. Déjà accusé par d’aucuns d’être mou, pas très clair dans sa conduite des affaires de l’Etat et adepte des petites blagues maladroites, le Président n’a probablement pas besoin de passer en plus pour un amant éperdu s’éclipsant incognito en scooter pour aller rejoindre sa belle plutôt que gérer les dossiers de l’Etat.
Cette option n’est toutefois pas sans risques. Elle suppose notamment qu’il n’y ait aucune zone d’ombre dans les futures relations entre l’actrice et l’homme d’Etat. Même si le démenti est catégorique, il est fort à parier que les médias people et le microcosme parisien demeureront à l’affût du moindre dérapage. Si jamais d’autres nouveaux éléments à charge viennent à montrer que le démenti n’était que de circonstance, alors le mensonge pourrait cette fois très mal passer auprès du corps sociétal.
Ne pas négliger les aspects collatéraux de l’affaire
Au-delà du jugement moral que certains se croient autorisés à émettre, l’affaire Hollande-Gayet ne se réduit pas uniquement à un adultère (bien qu’ils ne soient pas mariés !) ou une double vie amoureuse. Si l’histoire est avérée, il se posera vite la question du statut de Valérie Trierweiler et des bénéfices qui lui sont liés (hébergement à l’Elysée, mise à disposition d’un secrétariat, prise en charges de certains frais par la République, etc …). En plus des implications sentimentales à assumer, François Hollande ne doit absolument pas occulter ce pan. L’opinion publique ne tolérerait sûrement pas que Valérie Trierweiler puisse continuer ainsi aux frais de l’Etat s’il n’existe plus aucune raison qu’elle y exerce une présence.
Ceci d’autant plus qu’un aspect émotionnel est venu se greffer au dossier avec l’hospitalisation de Valérie Trierweiler très éprouvée moralement et affectivement par les révélations du magazine people et des impacts pour son couple avec François Hollande. De femme longtemps abominée par l’opinion, elle pourrait devenir une victime sympathique aux yeux de nombreux Français.
Autre aspect (plus crapoteux mais potentiellement miné) : les révélations lancées dimanche 12 janvier par Mediapart. Selon le site d’information, l’appartement du 8ème arrondissement qui abriterait les amours présumées de François Hollande et Julie Gayet serait indirectement lié au … grand banditisme ! Julie Gayet est en effet hébergée gratuitement dans le logement d’une amie comédienne ex-compagne d’un bandit corse assassiné en mai 2013 ! Dans le climat délétère actuel qui entoure l’image du président de la République, l’amalgame établi par Mediapart est loin d’être sans conséquence si l’affaire vient à gonfler. Elle pourrait d’ailleurs au passage impacter également Manuel Valls, le ministre de l’Intérieur, supposé en principe être au courant de ce genre de relations interlopes.
Le scoop de Closer tombe en tout cas au plus mal pour François Hollande qui s’efforce de reconquérir péniblement de l’écho et du support au sein de la société française. Sa main tendue au sujet du « pacte de responsabilité » lors des vœux 2014 procède clairement de cette intention. La conférence du 14 janvier devait pousser le curseur un peu plus loin. Or, elle est désormais parasitée par cette bluette romanesque sur laquelle François Hollande va devoir statuer très clairement. S’il se maintient dans l’esquive « clair-obscur », son image déjà bien brouillée pourrait en pâtir encore plus.
Un commentaire sur “Affaire François Hollande/Julie Gayet : 3 options possibles de stratégie de communication”-
zig et zag -
privé pas privé ? faux débat !
Tout ce qui touche au citoyen françois hollande, français de base non élu est privé et ne regarde personne.
Tout ce qui toche à la vie publique d’un élu quel qu’il soit, a fortiori s’il est chef d’Etat, concerne tout le monde.
Pourquoi ? Par ce qu’il agit officiellement et vit aux frais de la République : sa compagne se doit d’être représentative, se préoccuper de sa mission faute de fonction, rencontrer des ministres, des chefs d’Etat étrangers et leurs épouses (car aileurs la notion d’épouse est essentielle à la tête de l’Etat, que le couple soit uni ou pas), donner des consiqgnes à la vaste maison qu’est l’Elysée pour les cérémonies officielles et les réceptions pour dégager son conjoint de préoccupations supplémentaires qu’un chef du protocole ou tout autre fonctionnaire ne peut assumer, donner une âme à la vie suprème de la France.
Cela ne veut pas dire que le Président doit être marié, il peut être célibataire et il y en a eu dans le passé, mais s’il a une conjointe elle doit assumer et ne pas se défiler. Sinon, profiter des palais de la République, y diner, y coucher, dans les draps et les meubles du régime, consommer les banquets, monter dans les avions présidentiels, voyager sans jamais se soucier ni du coût ni de l’organisation pour se débiner en niant son implication n’est pas correct. Si l’on touche au château, il faut le gérer… C’est un véritable travail que l’on ne peut indument refuser tout en s’empifant.
Des génération de conjointes, de De Gaulle à Sarkozy en passant par Mesdames Pompidou, d’Estaingt, Mitterrand et Chirac ont toute assumé à leurs manières, quel qu’en soit le prix, souvent pour des époux volages ou peu intéressés de leur mission (voir l’avis de Valérie T.).
Notre époque est devenue celle de l’irresponsabilité et de l’égoïsme. Il y a quelque chose de pathétique de les voir s’étaler au sommet du pouvoir, les simples citoyens étant priés de payer et de se contenter de voir disparaître la gestion d’un faste civil, particulièrement marqué en France, qu’ils offrent à leur représentants et à leurs familles qui se contentent d’y gouter mais avec un air dédaigneux. Tout cela n’est pas bien.