[2ème édition du Baromètre de l’esprit critique] : La crédibilité des sciences reste forte mais …

Le 23 mars dernier à Paris, Universcience (établissement public issu du rapprochement entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie depuis 2009) a dévoilé les résultats de la 2ème édition de son baromètre de l’esprit critique réalisé avec OpinionWay. Cette étude lancée un an auparavant vise à mieux cerner comment les Français exercent leur esprit critique à l’égard des sciences et sur quelles sources de confiance ils s’appuient pour se forger une opinion. Plus de 2000 personnes de plus de 18 ans représentatives de la population français ont donc été à nouveau sondées. Bonne nouvelle ! Les théories complotistes sont encore loin d’avoir conquis les esprits mais la vigilance demeure.

Le grand enseignement de cette deuxième vague d’étude indique qu’il n’y a pas de rupture entre les Français et le science bien que selon les disparités générationnelles et les profils socio-économiques, se soit instillée une certaine méfiance. Il n’en demeure pas moins que l’intérêt pour les sciences humaines et sciences exactes reste manifeste. 55% des personnes interrogées affirment s’informer sur des sujets scientifiques au moins une fois par mois, notamment en consultant des documentaires et en effectuant des recherches sur Internet.

Des pratiques inégales

En revanche, lorsqu’on creuse un peu plus dans le détail des résultats, quatre sous-groupes tendent à émerger. Aux antipodes de l’un et de l’autre, on trouve celui des « passionnés » (14%) et des « distants » (11%). Les premiers sont globalement plus jeunes, diplômés et d’origine plutôt urbaine quand les seconds sont plutôt féminins, ayant peu ou pas de diplôme et résidant davantage dans des zones rurales ou des petites villes. Cela étant dit, le cœur du panel interrogé se répartit entre les « intéressés » (35%) et les « irréguliers » (40%).

C’est à travers le prisme de ces quatre catégories que l’on distingue certaines différences. Par exemple, si 77% d’entre eux estiment qu’une affirmation a plus de valeur si elle est scientifiquement validée, les distants ne sont convaincus qu’à 69%. Les mêmes ne sont que 43% à juger que la science est la seule source de savoir fiable là où le reste du panel se situe à 51% en moyenne. Ce relativisme se retrouve notamment sur la question du réchauffement climatique. 22% des sondés pensent en effet que la récente vague de froid aux Etats-Unis contredit l’hypothèse du réchauffement climatique et 12% ne se prononcent soit un tiers des répondants dans le doute.

La défiance s’exprime également à l’encontre de certains acteurs de la société qui ont des discours sur le changement climatique. Sur ce sujet, les responsables politiques sont jugés crédibles à 10% seulement, les personnalités religieuses à 11% mais aussi les entreprises qui atteignent péniblement 12%. Un point notable qui doit être intégré dans les campagnes de communication que mènent régulièrement les entreprises pour valoriser les actions engagées contre le réchauffement de la planète. A contrario, les scientifiques sont les plus crédibles avec un pic à 42% pour les climatologues.

Quid de l’esprit critique ?

Sur la définition exacte de l’esprit critique, trois items ressortent nettement. 48% pensent qu’avoir un esprit critique est faire preuve de raisonnement logique et rationnel et qu’il est nécessaire de s’informer au préalable avant de prendre position. 43% estiment par ailleurs qu’il faut être capable d’échanger avec des personnes ayant un regard différent. A cela, s’ajoute une forte majorité (74%) pour estimer que les sciences concourent à nourrir l’esprit critique. Toutefois, on peut noter également que 51% des sondés s’estiment assez conventionnels dans leur approche tandis que 42% préfèrent échanger avec des gens ayant les mêmes opinions. Esprit critique d’accord, mais pas trop !

Sur les acteurs qui aident chacun à se forger un esprit critique, c’est globalement une influence concentrique qui se dégage. Les sondés citent d’abord leurs parents comme vecteurs premiers d’influence (72%) puis leurs enseignants et leurs amis (68%). Cette proximité résonne avec la même observation faite depuis plusieurs années par le Trust Barometer de l’agence Edelman qui fut le premier à souligner que l’on préfère croire des gens qui nous sont proches et nous ressemblent. Ensuite, moins d’une personne sur deux est influencée par les personnalités scientifiques (47%) et les journalistes (40%).

Des variantes chez les 18-24 ans

Contrairement à certains préjugés, les jeunes de 18-24 ans ne se détournent pas des sciences. Ils sont même 74% à s’informer régulièrement sur le sujet et 61% à pratiquer des activités scientifiques. Mais, les canaux d’information diffèrent clairement. Ces derniers vont privilégier l’entourage (69%), les recherches sur Internet (67%) et les réseaux sociaux (54%). Exit les médias traditionnels dont le premier d’entre eux, la télévision, n’est cité qu’à 33%.

Autre paradoxe relevé dans l’étude : les 18-24 ans doutent à 37% du réchauffement climatique au regard de la vague de froid intense qui s’est abattue aux USA au début de 2023 (22% pour la moyenne du panel). De même, ils mettent plus facilement en doute l’idée qu’une affirmation a plus de valeur si elle a été validée scientifiquement. Seuls 70% pensent que c’est vrai alors que la moyenne globale se situe à 77%. Enfin, plus d’un jeune sur deux ne se définit pas comme ayant un esprit critique. 57% préfèrent même échanger avec des personnes partageant les mêmes convictions qu’eux (42% en moyenne globale).

En savoir plus

Retrouver l’intégralité des résultats de l’étude et télécharger le rapport 2023

Revoir la conférence de presse du 23 mars 2023 (vidéo ci-dessous)

 

 



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