EXCLUSIF ! Nikos Aliagas (TF1) : « C’est l’authenticité qui compte sur les médias sociaux »
Nul n’est besoin de présenter Nikos Aliagas actuellement aux manettes endiablées de la saison 3 de « The Voice ». Personnalité emblématique de l’audiovisuel français, le sémillant animateur est aussi un journaliste chevronné qui a eu la gentillesse de m’accorder une interview exclusive sur sa pratique des réseaux sociaux. A lire et à tweeter sans modération !
Avec plus de 517 000 abonnés sur Twitter à ce jour, Nikos Aliagas est en effet un VIP qui fait le buzz. Il possède aussi un regard particulièrement pertinent et humain sur l’usage des médias sociaux. Le 9 janvier dernier, il avait brillamment témoigné devant l’assistance du Web2Business à Paris. Pour le Blog du Communicant, il revient sur le sujet et parle sans détours et en toute franchise de sa passion pour Twitter et consorts.
Vous êtes depuis longtemps une personnalité médiatique reconnue du paysage audiovisuel français. Qu’est qui vous a donné envie d’être aussi présent sur les médias sociaux, en particulier Twitter où vous diffusez et échangez des messages de manière prolifique ?
Nikos Aliagas : C’est d’abord la curiosité qui m’a amené à ouvrir un compte Twitter en août 2010. A l’époque, je venais de démarrer la présentation de la tranche horaire matinale sur NRJ. Je cherchais des idées pour renouveler le genre et interagir autrement avec les auditeurs. Au début, j’ai considéré cela comme un jeu mais très vite, l’évidence s’est imposée : Twitter est un outil fantastique pour disposer d’un retour en direct des gens, sans tabous, sans filtre. Je me suis réellement pris au jeu, mis à suivre aussi bien des personnes connues que des fans et des twittos parlant de mes centres d’intérêt. J’ai progressivement élargi le champ de mes messages en partageant des photos, ma passion pour la Grèce, des aphorismes tout en conversant de temps à autre avec ceux qui me suivent. C’est d’ailleurs l’intérêt majeur que je trouve à Twitter : cette possibilité de donner, de recevoir, d’établir une forme de proximité et de consolider des liens avec différentes personnes partout dans le monde, à tout moment.
Aujourd’hui, votre présence numérique s’est étendue. Vous avez ouvert une page sur FlickR et un fil Instagram. En revanche, vous ne disposez pas de page personnelle sur Facebook. Pourquoi ces choix et quels bénéfices en retirez-vous ?
Nikos Aliagas : Autant Twitter m’est apparu comme idéal pour nourrir le lien avec le public à titre personnel, autant j’ai plus de mal à m’imprégner de l’univers Facebook. Je dispose malgré tout d’une page qui est gérée par ma sœur Maria mais je n’y suis pas impliqué comme sur Twitter.
J’apprécie ce réseau car il constitue un complément idéal de mon travail tant sur « The Voice 3 » que pour mes autres émissions sur TF1 (« 50 minutes inside » et « C’est Canteloup ») et mon programme du week-end sur Europe 1 (« Les incontournables »). Sur Twitter, je peux diffuser des petits bonus sur les coulisses, l’audience réalisée ou encore interagir avec les réactions de téléspectateurs et d’auditeurs.
Twitter, c’est ensuite un incomparable endroit pour observer les tendances de la société française. C’est un vaste café du commerce numérique où certains informent, rigolent, commentent tandis que d’autres se défoulent et critiquent. Pour le journaliste que j’ai été pendant près de 20 ans, c’est un baromètre très instructif où percent de surcroît les personnalités et les aspérités des uns et des autres. C’est vraiment une agora hors pair pour être en prise directe avec ses contemporains et apprendre à lire entre les 140 signes que diffusent les twittos.
Ensuite, les réseaux sociaux m’ont permis de renouer avec une passion de jeunesse : la photographie. Gamin, j’étais passionné par cette forme d’expression artistique puis je m’en suis quelque peu éloigné. Avec Flickr et Instagram, j’ai retrouvé ce goût de capturer des instantanés et des tranches de vie prises sur le vif. Que je me trouve à Paris, à Athènes ou ailleurs, je saisis des scènes qui m’inspirent ou des personnages qui me touchent. Pouvoir ensuite les partager dans la seconde qui suit avec des milliers de personnes dans le monde, est vraiment très fort. Savoir que sa photo fait le tour de la planète et est vue par des milliers de paires d’yeux procure un sentiment formidable. Mais ce n’est pas pour autant un miroir narcissique. C’est juste une autre façon d’échanger avec ceux qui m’apprécient ou qui ont les mêmes passions que moi.
Selon vous, quels sont les points de vigilance qu’une personnalité publique très exposée comme vous, doit impérativement garder à l’esprit lorsqu’elle choisit de s’impliquer sur les médias sociaux ?
Nikos Aliagas : A mes yeux, il y a une règle impérative à appliquer en toute circonstance. J’ai coutume de dire pour cela que « engager ta personnalité sur Twitter, c’est comme apposer ta signature sur un chèque. Il faut savoir pourquoi on la met » ! Il est nécessaire de se définir une ligne éditoriale et de s’y tenir strictement. Le moindre dérapage ou emportement reste sur les médias sociaux. Les personnalités politiques en savent d’ailleurs quelque chose !
Personnellement, il y a des sujets sur lesquels je m’interdis de participer tout simplement parce que la loupe déformante de la notoriété médiatique peut générer des impacts aux proportions déplacées par rapport à des propos que je pourrais tenir sur tel ou tel fait d’actualité. Par exemple, j’ai choisi de ne rien dire sur l’histoire du couple Hollande/Trierweiler. Bien que j’ai été journaliste et à ce titre tout à fait capable de commenter et d’analyser, mon rôle actuel implique une certaine retenue. Le public n’attend pas de l’animateur de « The Voice » qu’il fasse part de ses opinions ou s’embarque dans des polémiques stériles. Il faut éviter la confusion des genres.
Autre interdit que je me suis fixé : aucune photographie de ma famille et des enfants. Cela relève de ma vie intime et la photo de mon enfant n’a pas vocation à circuler en boucle sur les réseaux sociaux.
Ceci étant dit, je ne veux pas être incolore ou artificiel. L’intérêt d’un compte Twitter, c’est aussi le regard personnel qu’on y apporte et la tonalité individuelle qu’on y cultive. Il est capital d’être authentique et véritablement soi-même lorsqu’on s’y exprime. C’est pour cette raison que je tweete de temps à autre des aphorismes de grands auteurs en écho à l’actualité du moment. C’est ma façon de réagir. De même, il m’est arrivé de répondre fermement à des insultes qu’on me proférait au plus fort de la crise économique de la Grèce ou de prendre la défense de personnes face à des attaques antisémites.
Enfin, il faut être honnête et consistent sur les médias sociaux qui ne sont pas un concours de médailles ou une course aux followers. Certains se livrent à l’achat de faux fans ou débarquent avec un plan com’ super huilé. C’est dommage et c’est surtout vain. Personnellement, je me refuse à ces pratiques bien qu’on me les ait déjà proposées ! De toute manière, si c’est bidon, le public le devine très rapidement. Animer un compte Twitter n’équivaut pas à une somme de personnes mais à une communauté où s’opèrent des allers et retours entre un individu et d’autres twittos.
Comment gérez-vous malgré tout cette nécessité d’être soi-même dans les contenus diffusés et les éventuelles contraintes professionnelles que vos employeurs actuels (TF1 et Europe 1) peuvent vouloir exiger de votre part ? Je songe notamment à la mésaventure de Natacha Polony qui avait diffusé une photo humoristique très controversée et qui avait mis dans l’embarras les médias où elle travaille ?
Nikos Aliagas : Personne n’est à l’abri d’un loupé. Néanmoins, il faut s’efforcer de garder à l’esprit la perception qu’a le public à notre égard. Dans le cas d’une blague, si celle-ci émane d’un humoriste comme Nicolas Canteloup ou Laurent Ruquier, cela passera. Pour le public, ils sont en quelque sorte habilités à le faire.
Si la même blague provient de moi, le risque est grand que ce soit décalé, polémique et pas en phase avec mon personnage médiatique. Même si tout cela relève un peu de la tartufferie généralisée. Tous autant que nous sommes, nous blaguons entre amis ou entre collègues. Mais sur le numérique, il y a des lignes à ne pas franchir sinon le retour de bâton peut être disproportionné et impacter l’image de l’entreprise où l’on travaille.
Avez-vous vécu des anecdotes originales sur les réseaux sociaux ?
Nikos Aliagas : J’en vis très régulièrement et c’est d’ailleurs ce qui est humainement très excitant. Je n’ai pas d’anecdote particulière à vous confier mais plutôt des épisodes qui se renouvellent régulièrement. Par exemple, Twitter me permet fréquemment de retrouver trace de vieux potes que j’avais perdus de vue. Un autre truc m’amuse également beaucoup : dialoguer en DM (message privé) sur Twitter avec des stars mondiales comme Will I Am ou Eva Longoria qui m’envoie un petit message amical pour me demander comment ça va ! Là, je suis un peu comme le gosse qui rencontre son idole ! Mais il y aussi d’autres moments très drôles vécus avec des fans. Lorsque que je me rends dans une ville, il m’arrive de demander sur Twitter des bons tuyaux de restaurants. Et mon fil se transforme alors en vrai bottin gourmand et en GPS collectif !
The Voice 3 s’appuie fortement sur les réseaux sociaux. Pour la première, près de 480 000 tweets ont été émis. Vous-même, vous êtes très actif pendant l’émission. Pourquoi ce souhait de rester connecté pendant le show ?
Nikos Aliagas : Je revendique pleinement la paternité de cet usage de Twitter pendant la diffusion de The Voice. Au tout début, on m’a même dit que j’en faisais un peu trop, que ce n’était peut-être pas d’une importance capitale. La suite a prouvé le contraire. Twitter a véritablement créé une autre forme de lien avec mon public au quotidien. Il a aboli certaines frontières qui existaient auparavant. C’est une façon supplémentaire de les faire participer, de leur montrer ce qu’on ne voit pas sur le petit écran, d’être encore plus proche. Cela correspond aussi à l’air du temps où la demande de transparence est plus forte qu’avant.
Pour moi, c’est également quelque chose d’indispensable. C’est une prise de température immédiate des sentiments des téléspectateurs qui me permet de réagir, de rebondir et de tenir compte de leurs remarques. Pendant les coupures publicitaires, c’est même moi qui rentre dans l’intimité de leurs salons ! Certains m’envoient carrément des photos d’eux sur leur canapé en train de regarder la télévision. C’est un fascinant retournement d’image où le présentateur se retrouve lui-même à observer ses spectateurs !
Comment voyez-vous l’avenir de la social TV qui est en train de s’amorcer avec toujours plus d’interactivité et de temps réel s’immisçant dans les programmes ?
Nikos Aliagas : C’est d’abord une évolution irréversible. L’époque où l’offre était unilatérale est révolue. Avant, on concevait des programmes qu’on jetait ensuite comme un grand filet en espérant conquérir le plus de téléspectateurs possible. Cela ne marche plus. Tout d’abord parce que l’offre télévisuelle est devenue très abondante, voire volatile et fragmentée. Ensuite, parce le public fait savoir clairement ce qu’il veut et ce qu’il attend. Il nous appartient donc de reconsidérer progressivement nos propositions de marché et de nous adapter en permanence. La social TV implique que nous écoutions, que nous sachions ce que notre audience veut et que nous répondions avec des programmes et des concepts adéquats. Le public n’est pas dupe. A nous de savoir maintenir le lien. C’est absolument crucial dans le domaine du divertissement télévisuel et les réseaux sociaux sont en cela un excellent miroir.